Bonjour tout le monde !
Si vous êtes un bon otaku digne de ce nom, vous devez connaître les légendes sur les yokais, ou au moins en avoir entendu parler dans des mangas. Je vais essayer de vous en expliquer les bases, et je m'attarderais peut-être plus tard sur différents yokais.

Tout d'abord, le mot youkai (de you qui veut dire monstre, et de kai qui signifie étrange) se traduit donc littéralement par créature étrange. Ils leur sont aussi attribués deux synonymes : ayakashi et mononoke. Dans le language populaire, on les appelle parfois obake ou bakemono, bien que ce soit des appellations assez inexactes.
Il ne faut surtout pas les confondre avec les yurei, qui sont des esprits contrairement aux yokais. Par exemple, on ne peut pas du tout comparer le Yéti à la Dame Blanche, et bien ici c'est pareil.

Ces créatures semblent avoir fait leur apparition dans le folklore au XIème siècle, pendant l'ère Heian, notamment dans un recueil de légendes et de faits historiques, le Konjaku Monogatari Shû.

Il existe plusieurs sortes de youkais, alors je vais simplement prendre la liste du site nautiljon :
Il y a les monstres (ex : l'oni et le kappa), les démons (ex : le mokumokuren et le zashiki-warashi), les divinités locales (ex : le tengu), les tsukumogami (des objets dotés d'une âme), les animaux fabuleux (ex : la nue) et les animaux métamorphes (ex : le kitsune, un renard, et l'inugami, un chien). On attribue aussi à certains yurei l'appellation de youkai, comme le rokurokubi ou la futakuchi-onna.
Mais je le répète, je reviendrais plus tard en détail sur certains youkais.

Concernant leurs caractéristiques, ce sont des créatures censées faire peur aux humains, se jouer d'eux et parfois les tourmenter. On dit qu'ils possèdent de puissants pouvoirs magiques et sont très hostiles envers les humains, d'ailleurs cette hostilité peut aller de la simple malédiction à une mort directe. Mais il faut néanmoins souligner que certains yôkais ne se préoccupent pas des hommes (ex : le nurarihyon), voire même leur sont bénéfiques (ex : le baku).
Leur apparence est extrêmement variée, mais la plupart du temps semblable à des animaux ou à des objets.

Pour terminer, les youkais sont assez utilisés dans les oeuvres de fiction, car ils constituent un cheptel de créatures très riche et varié. Voici quelques exemples d'animes ayant réutilisé ces mythes :
XxXHoLiC, Nurarihyon no Mago, Gegege no Kitarou, Otome Youkai Zakuro ainsi que Ayakashi : Japanese Classic Horror et sa suite Mononoke pour n'en citer que quelques-uns.

J'espère avoir été facile à comprendre, et que vous aussi vous tomberez sous le charme de ces légendes japonaises, et on se retrouve je ne sais pas quand pour des descriptions plus détaillées.

Commençons par le commencement : Nurarihyon et le Hyakkiyagyô.




Ci-dessus, une représentation traditionnelle de Nurarihyon. J'ajouterais plus tard une image du Hyakkiyagyô.

Nurarihyon est considéré comme le chef des yôkais, contrairement à ce que sa conduite laisse penser.
En effet, il s’introduit dans une maison en fin d’après-midi quand tout le monde est occupé et il s’installe tranquillement dans le salon et se sert du thé. Il a d’ailleurs tendance à aller dans des maisons de riches, pour fumer un peu de la pipe du maître. Et ensuite, il repart comme il est arrivé, sans que personne ne s’aperçoive de sa présence.
Vous vous demandez sûrement : « Mais ils sont complètement débiles, les gens ?! Un type avec une tronche pareille, ça passe pas inaperçu ! » C’est tout simple : par exemple, un meuble que vous avez depuis longtemps, vous n’y faîtes même plus attention quand vous passez devant. Et bien ici, c’est exactement la même chose. Il use de son pouvoir pour faire croire « qu’il a toujours été là ». Et comme les gens sont très occupés le soir, il leur faudrait être très attentif pour le remarquer.
Pour son aspect, il prend parfois l’apparence d’un bonze (religieux bouddhiste. Retenez ce terme, je vais beaucoup l’utiliser par la suite), mais généralement il est habillé comme un commerçant et marche solennellement comme s’il était chez lui.

Et voilà un petit témoignage tiré du Dictionnaire des Yôkais :

Dans une hutte de montagne du département de Wakayama, habitait un savant nommé Nobue Outa. Un jour, le seigneur de la région lui rendit visite pour avoir son avis sur la conduite du pouvoir. En partant, il aperçut dehors un homme au visage ressemblant à un mur pâle, habillé en haori (manteau ample et court que l’on porte par-dessus le kimono, pour ceux qui ne savent pas).
« Qui es-tu ? demanda le seigneur.
- Je suis Nurarihyon. » répondit celui-ci, l’air hilare.
Puis il pénétra dans la hutte comme si c’était chez lui.
« Mais enfin, qui est ce Nurarihyon ? demanda le seigneur au savant.
- C’est un yôkai de la montagne, Monseigneur. Il apparaît à la tombée du jour quand tout le monde est débordé. »


Je disais tout à l’heure que Nurarihyon était le chef des yôkais. C’est parce qu’il dirige le Hyakkiyagyô, littéralement « la parade nocturne des 100 démons ». Afin de fournir une explication des plus claires possibles, voici un autre témoignage tiré du Dictionnaire des Yôkais sur ce qu'est le Hyakkiyagyô :

Un bonze mendiant à la foi solide se dirigeait vers un village du pays Settsu (dans les actuels départements d’Osaka et Hyogo), quand le soleil se coucha alors qu’il était au milieu d’une montagne. Il décida alors de passer la nuit dans l’antique temple Ryûsen situé à proximité. Vers minuit, un brouhaha se fit entendre. Ce n’étaient pas des humains mais une procession d’une centaine d’ogres difformes : certains n’avaient qu’un œil, d’autres trois ou une corne au milieu du front, tous tenant une torche à la main. Quelque peu surpris et incapable de fuir, le bonze déclama l’incantation d’Acalanatha. Les ogres approchèrent alors leurs torches pour le dévisager de près.
« Ah ça mais, déclara l’un d’eux, ne voilà-t-il pas qu’une nouvelle statue d’Acalanatha est assise à ma place ? Désolé, mais je vais vous mettre dehors pour cette nuit. »
A peine eut-il prononcé ces paroles qu’il attrapa le bonze par le col et le jeta par terre. Puis, les ogres se donnèrent à leur vacarme. Mais à l’approche de l’aube, ils disparurent. Le moine, jusqu’alors recroquevillé sur le sol, retrouva la sensation de vivre et regarda autour de lui. Mais où est le temple ? Il se trouvait au milieu des champs, sans aucun sentier. Découragé, il marcha en fendant les herbes quand il aperçut enfin un samouraï à cheval arriver au loin. Le bonze lui demanda où il se trouvait. En fait, il n’était plus à Settsu mais au fin fond des montagnes du pays Hizen à Kyûshû (dans les actuels départements de Saga et Nagasaki, à 800 km de là, c’est-à-dire plus que la distance Paris-Marseille).
« Ha, je croyais avoir été jeté à terre, mais ils m’ont balancé de Settsu jusqu’à Higo ! »
Abasourdi, le bonze pressa le pas pour rentrer à Kyôto.

Et maintenant voilà la suite : le Kappa !



Ci-dessus, une représentation traditionnelle du Kappa datant du XVIIIème siècle.

Nom et apparence

Le Kappa (河童) ou Kawatarō (川太郎, littéralement « gosse de la rivière » ) est un yōkai assez connu. Il est parfois représenté avec une bouche en forme de bec, et le haut de son crâne est creusé et entouré de cheveux. Ce creux est rempli d’eau, et c’est de là qu’il tire sa force. Sa peau est écaillée, et il porte dans la plupart des représentations une carapace. Il fait environ 30-40 cm.

Histoire

À l’origine, le Kappa était une tortue géante, qui, en prenant soin de sa santé, a réussi à vivre bien plus longtemps qu’une tortue géante normale, puis, elles ont appris à parler et ont fini par prendre une forme avec plusieurs éléments appartenant au corps humain (ex : Bras, jambes, ventre, mains, pieds, cheveux etc…) mais ont aussi acquis la capacité de marcher.

Caractère et goûts

Le Kappa est très farceur, la plupart de ses « plaisanteries » consistent à voler de la nourriture, attirer des humains, chevaux ou vaches dans la rivière (pour les dévorer ou sortir leurs entrailles), regarder sous les jupes des femmes et… lâcher des gaz… Cependant, si vous venez à rencontrer un jour un Kappa (bonne chance…) et que vous le saluez à la manière japonaise (en s’inclinant), il vous saluera lui aussi et le creux sur sa tête se videra de son eau, ce qui le rendra vulnérable. Le Kappa est très poli, malgré ses nombreuses farces. Il aime jouer au shōgi (将棋, littéralement « jeu d'échecs des généraux » comme l’indique son nom, ce jeu traditionnel ressemble fortement aux échecs) et aime autant manger de la chair humaine que du concombre, ce qui a donné naissance à des traditions, comme notamment jeter du concombre dans une rivière, pour l’empêcher de manger des humains.

Témoignage extrait du Dictionnaire des yôkais

Il y a bien longtemps, un soir de pluie fine, un sentinelle marchait au bord de la douve Benkei (moine-guerrier de l’ère Heian), lorsqu’il entendit quelqu’un le héler derrière lui.
Pensant qu’il s’agissait d’un enfant en train de se noyer, il tendit la main pour le sauver. Mais il était lourd comme un rocher et c’est la sentinelle qui faillit se faire entraîner dans l’eau. C’est là qu’il comprit qu’il avait à faire à un Yōkai. Il s’enfuit à toutes jambes. Il puait la pourriture au point qu’il aurait pu détruire l’odorat de tout le monde. On en déduisit qu’il avait failli être la victime de Kappa. […] Dans certaines région, il ravage les champs et vole des aubergine et des concombres, alors les habitants préfèrent lui vouer un culte et lui préparer des offrandes. […] Dans Tôhoku, de nos jours encore beaucoup de gens affirment avoir vu Kappa. […]

Le Kappa dans les mangas/animes et les jeux vidéos

Le Kappa est très présent dans ces trois domaines, le plus souvent en personnage gentil et mignon ou pervers.

Mangas/animes

Étant un monstre japonais, le Kappa est assez populaire dans la production japonaise, voici quelques exemples de ses apparitions.
҉ « Un été avec Coo » de Keiichi Hara. Dans l’histoire, Coo, un Kappa, est recueilli par un écolier.
҉ « Kappa no Kaikata » (Comment élever un Kappa) de Ishikawa Yûgo. Un jeune homme décide d’acheter un Kappa, et achète donc un manuel pour cela. Cependant, c’est une tâche bien plus difficile que ce qu’il pensait…
҉ « Nurarihyon no Mago » de Hiroshi Shiibashi. Dans ce manga, le Kappa est l'allié du personnage principal, son apparence est néanmoins très différente des représentations traditionnelles. Il se révèle aussi être un puissant combattant, mais passe généralement son temps dans une mare, et on ne le voit pas non plus énormément.

Jeux vidéos

҉ « Touhou Project » de ZUN (Jun’ya Ota). Un des personnages se nommant Nitori Kawashirō est une Kappa. Elle fait une apparition dans Touhou 10 : Mountain of Faith en tant que boss et dans Touhou 13.5 : Hopeless Masquerade en tant que personnage jouable.
҉ « Final Fantasy VI » de Hironobu Sakaguchi (Square Co). Un Kappa apparait de temps en temps pour donner des explications au joueur.

Joli pavé, c'était plutôt intéressant je me coucherai moins débile ce soir